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Hors série 2 : les chiffres de l’inceste : l’ampleur du fléau
Le mouvement #metoo a libéré la parole sur les agressions et violences sexuelles.
Créé en 2006, il a pris une ampleur considérable avec l’affaire Harvey Weinstein en 2017. le producteur de cinéma est alors accusé par une trentaine de femmes de viols et d’agression sexuelles au travers d’une enquête réalisée par deux journalistes du New York Times. Le hashtage metoo devient alors viral sur les réseaux sociaux.
Début 2021, Camille Kouchner publiait « la familia grande », un livre dans lequel elle révélait l’inceste au sein d’une famille puissante : en effet, Camille Kouchner est la fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner et de la professeur de droit Evelyne Pisier. Elle dévoilait dans ce livre l’inceste commis sur son frère jumeau par son beau-père, l’homme politique, Olivier Duhamel, puissant et médiatisé. Cela a créé une onde de choc. Et a pu lever en partie l’omerta qui entoure l’inceste.
Mais que connait on réellement des chiffres de l’inceste ? quel est l’ampleur de l’inceste ?
Bienvenue dans ce deuxième épisode hors série: les chiffres de l’inceste : l’ampleur du fléau. Hors série du Podcast Traumatisme & renaissance, l’inceste, par Hélène Dujardin
Alors, Pour vous donner ces chiffres, je m’appuie sur deux sources :
• une étude IPSOS commandée par l’association Face à l’inceste et publiée en novembre 2020
• et des résultats d’une étude menée par la CIIVISE qui est la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants, il s’agit Une commission indépendante créé en mars 2021 dans le sillage de l’affaire Duhamel, pour orienter l’action publique contre l’inceste
Si la parution du livre de Camille Koucher a contribué à débloquer la parole sur l’inceste – un hashtage #metooinceste créé à ce moment là, malgré tout l’inceste reste un sujet tabou. la parole est encore largement verrouillée. Les victimes sont à la fois prises par le traumatisme lui-même, tiraillée entre le traumatisme et la loyauté à la famille, l’injonction au silence de la famille, et parfois aussi l’isolement subi au sein de la famille.
Alors, faisons le point sur les chiffres pour saisir l’ampleur de ce fléau en France.
• Le constat est tout simplement glaçant : un Français sur 10 a été victime d’inceste, soit environ 6,7 millions de personnes. Cela représente trois élèves dans une classe qui en compte 30. Ces chiffres proviennent du sondage Ipsos
• Le chiffre est en hausse : en 2009, le nombre de victimes s’élevait à 2 millions. On peut considérer que la libération de la parole par le mouvement metoo est une des raisons de cette hausse.
• On peut aussi considérer que malheureusement, ce chiffre est sous-estimé pour différentes raisons, à cause des pressions familiales, on l’a vu juste avant, mais aussi à cause des troubles dissociatifs liés au traumatisme, que ce soit l’amnésie ou une forme de déni, de non-reconnaissable de ce qui s’est passé, ne pas réaliser ce qui s’est passé en quelque sorte l’agression.
• Toujours selon le même sondage 8 victimes sur 10 sont des femmes. La première agression sexuelle survient en moyenne autour de l’âge de 9 ans.
• 96 % des agresseurs sont des hommes : père, beau-père, oncles, cousins, frères.
• Et, Selon le rapport de la Ciivise, 74,4 % des victimes (hommes et femmes), ayant subi l’inceste par un membre de leur entourage ont confié avoir confiance en leur agresseur. Je reviendrai largement sur l’aspect du lien, de la confiance dans une série justement sur les liens/relations.
• D’après le rapport de la Ciivise, 160.000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles chaque année. Et les conséquences sont dramatiques, parfois jusqu’à la mort : un enfant meurt tous les cinq jours dans son environnement familial sous l’effet de ces violences sexuelles.
Même au niveau de la loi et des pouvoirs publics, le fait de parler de l’inceste, de le nommer est très récent :
• Depuis 2016, le mot « inceste » figure à nouveau dans le code pénal. Il avait disparu du code pénal depuis 200 ans.
• Pour la première fois, une campagne de sensibilisation sur l’inceste a été lancée en novembre 2023. C’était la première fois qu’un gouvernement utilise le mot ‘inceste’ dans une campagne, la première fois qu’il parle de ces violences sexuelles au sein de la famille. La dernière campagne gouvernementale sur la pédocriminalité remonte à 2002 et n’évoquait pas l’inceste. Cette opération nationale était une préconisation de la CIVIISE
Je ne rentre pas ici sur l’aspect judiciaire, mon propos est davantage de mesurer l’ampleur de l’inceste en France. Ceci afin de déverrouiller le tabou, l’omerta qui enserre l’inceste.
Cette omerta est terrible pour les victimes de l’inceste, elle ajoute au traumatisme de la personne victime d’inceste. La victime est prise dans la situation par son agresseur, et par le tabou en lien avec la famille. Et se retrouve dans une profonde solitude.
Et c’est bien l’intention de mon podcast : de parler du traumatisme de l’inceste, de comprendre et mesurer les impacts pour les victimes, de parler des ressentis profonds et de les mettre au grand jour. Afin de desserrer l’étau dans lequel les victimes sont enserrées.
Voilà c’est la fin de cet épisode hors série, si vous avez aimé cet épisode, n’hésitez pas à le partager autour de vous et à vous abonner ; et surtout ça serait génial si vous pouvez prendre quelques minutes pour mettre 5 étoiles sur Apple Podcast ou spotify ou une autre application de Podcast, ça va aider énormément ce podcast. Merci à vous. Je vous retrouve mardi prochain pour un nouvel épisode, d’ici là, prenez bien soin de vous !